Danse-thérapie
Le corps à travers l’Histoire de la danse 

L’Histoire de la Danse témoigne de l’évolution du statut du corps au fil des siècles.

Il faudra attendre le début du vingtième siècle et la percée des pionnières de la Danse moderne (Isadora Duncan, Martha Graham…), pour réhabiliter la danse en tant qu’Art de vivre et d’Être au monde.

Deux mille ans de christianisme et quatre siècles de ballets classiques avaient banni la danse de son contexte vivant, incarné, magique, universel.

Originellement, la danse était jeu, célébration, rituel populaire ou sacré, participation à la fête.

Les peuples dansaient pour célébrer l’amour, la naissance, la vie, la mort, les semailles, les moissons, l’abondance, le retour de la pluie.

Ils dansaient pour se donner du courage, pour invoquer les Esprits des ancêtres, pour absorber la force de la Nature, incarner les vertus d’un animal…

Ils dansaient la chasse, la guerre, les combats.

La danse se situait à la source de la culture communautaire, elle en était l’expression ritualisée, rythmant les divers temps de la vie et incarnant les valeurs du groupe.

Force de cohésion et de transcendance, elle associait le Théâtre, la Musique, le Masque, offrant à chaque membre du clan un espace d’expression cathartique, rituel, magique.

L’évolution des cultures et le pouvoir croissant des religions ont progressivement changé la donne dans le temps et dans l’espace.

Dès le quatrième siècle, en Occident, l’empire chrétien condamne la Danse et le Théâtre, le Cirque, la Pantomime, les carnavals et leurs débordements expressifs, jugés orgiaques : « cette folie lascive appelée danse, affaire du diable » – dira St Augustin.

La morale religieuse chrétienne, de plus en plus hégémonique, charge le corps de suspicions, de culpabilités, de tabous, de persécutions, tout en réprimant son expression sur tous les fronts.

Le corps, c’est « la bête à poils », le rappel – hélas – que nous ne sommes pas des anges purs !

Dès lors, l’homme sera invité à gagner son salut par la mortification du corps et des pulsions, des passions.

En dehors des rituels étroits créés et imposés par l’Eglise et les institutions religieuses, toute autre expression rituelle personnelle ou collective sera considérée comme suspecte et punissable, taxée d’hérésie, passible du bûcher.

Renchérissant sur cela, au gré de la civilisation et des pouvoirs en place, les codes de la société définiront le statut du corps, notamment celui des femmes, renforçant les retenues, les contentions, les corsets, les culpabilités d’Être et de se manifester, d’exprimer sa nature profonde, sensible, émotionnelle, intérieure.

Dans ses recherches autour de l’histoire de la Danse, Roger Garaudy constate qu’une nouvelle manière de danser se cherche lorsqu’une fracture de l’Histoire contraint l’homme à chercher une nouvelle manière d’exister.

Les faits lui donnent raison.

Au début du vingtième siècle, le choc de l’horreur de la première guerre mondiale déplace l’Académisme ambiant et marque le point de départ d’un renouvellement complet des valeurs qui sous-tendent l’Art et l’Expression sous toutes ses formes, pas seulement dansés.

Le Dadaïsme, le Surréalisme, les courants d’Art moderne, la découverte de l’Inconscient, la percée de la Psychanalyse, tout cela contribue à nourrir la rébellion et le désir de réinventer le corps, d’affirmer le Vivant, de prendre en compte le Réel qui pulse sous les apparences, les maux derrière les mots.

De son côté, la Danse moderne rejette les pointes et les tutus au profit d’un corps vivant, incarné, expressif, symbolique, naturel.

Un vent de libération souffle sur les âmes artistes et créatives.

Isadora Duncan (1877-1927), pionnière, cherche à travers la danse l’expression de la liberté, les mouvements spontanés, ceux qui jaillissent librement d’un corps relié à la Terre, à l’Esprit, à l’espace.

« Nul exercice ne doit être extrait de la signification vitale de l’Esprit qui l’anime, chacun d’eux ne doit pas être un moyen d’arriver à un but mais constituer un but en Soi, qui est de faire de chaque jour de la vie une œuvre complète et heureuse. » – Isadora Duncan (Ma vie – Poche 1999).

Duncan ouvre la voie, bravant l’autorité, l’ordre et la rigidité académiques, les mentalités étriquées de son temps.

Sensiblement à la même époque, Ruth Saint Denis (1879-1968), initiée aux arts martiaux, aux danses indiennes, au théâtre Nô, au Yoga, ouvre la Danse à une nouvelle dynamique expressive, émotionnelle, spirituelle. Concevant une approche universelle de la danse, elle affirme l’idée que la chair et l’Esprit ne peuvent pas être séparés, pas plus que ne peuvent l’être l’Art et la spiritualité.

Martha Graham (1894-1991), de son côté, replonge dans les mythes et fait revivre à travers l’art de la Danse, du Masque, du Théâtre, leur signification profonde et symbolique, universelle.

Ces quelques repères, loin d’être exhaustifs, montrent à quel point le corps a subi, pendant des siècles, une répression outrancière et culpabilisante de son expression libre et spontanée, émotionnelle, pulsionnelle, sensuelle, sacrée, rituelle, collective, joueuse, cathartique.

De génération en génération, le refoulé qui en a résulté a renforcé, au fil des siècles, le disque dur des névroses dont souffre l’humanité et, par voie de conséquence, chacun d’entre nous.

Ce qui est manifeste au niveau de la Danse se retrouve dans tous les domaines artistiques.

En réalité, chacun est capable de s’exprimer et de créer afin de potentialiser ce qu’il Est au plus profond de lui-même, dans sa nature propre et essentielle.

La pulsion créative est propre à l’être humain et n’a rien à voir avec l’art relevant des institutions académiques, lesquelles ont codifié les genres et sectorisé le monde en deux : les artistes et les autres. Rien n’est plus navrant !

Chaque Être humain peut manifester sa spontanéité créative, non pas pour produire des œuvres d’art, mais pour créer un moment, un objet, un projet, une expression qui fassent Sens pour Soi, ici et maintenant.

Cela est le sel de la vie, son Essence même.

Les processus d’expressions créatives centrés sur le développement de la personne permettent d’accéder à ces vieux « sens interdits » afin de les déverrouiller et de libérer la Nature profonde de chacun, assoupie sous les masques et les manteaux séculaires, qu’ils soient éducatifs, sociaux, professionnels, culturels… 

Au cours des quarante dernières années, les outils importés d’Orient ont permis à l’Occident de réaliser le bien fondé des liens à tisser entre le Corps et l’Esprit.

Hélas, ils s’accompagnent souvent de l’exotisme spirituel qui les a enfantés et de lourdeurs de formes non nécessaires à la transmission des fondements utiles au développement de la Subjectivité créative de chacun.

Au lieu de perpétuer ces disciplines dans leurs fonds et formes séculaires, il serait judicieux, aujourd’hui, d’en extraire l’Esprit et les bases afin de créer des pédagogies simples, novatrices, centrées sur la personne et allant à l’essentiel.

Il y a là une foule de recherches et de pédagogies créatives à mettre en œuvre dans lesquelles je suis, pour ma part, pleinement engagée.

Véronique Asvisio

Tous droits réservés : ISBN97827033088502011 – Reproduction totale ou partielle interdite

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